Commission TechniqueCommission Technique - Privé

Commission Technique : compte-rendu de la réunion du 6 Juin 2025

Cette réunion s’est déroulée en présence dans les locaux de la FICAM à Paris 16e, et simultanément en visiophonie par internet, avec la participation de :

Béatrice BAUWENSMPC
Laurent HERITIERTranspalux
Pierre JACQUET Titra-films
Carlos LEITAOIIFA
Fabien MARGUILLARDFICAM
Christophe NELSONINA
Edouard PREVOSTCarrick Skills
Christophe REMY-NERISCarrick Skills
Rémi TERESZKIEWICZUWA France

Revue des évènements et actualités du secteur audiovisuel au cours des mois de Mai et Juin

  • Dans le cadre du marché international du film de Cannes, un nouvel espace intitulé “Cannes Next” était consacré aux innovations technologiques liées au domaine de la production cinématographique. Un programme de conférences variées a permis d’aborder des sujets en rapport avec l’IA et les nouveaux services proposés notamment par des startups françaises.

L’UWA et le standard Vivid pour le HDR et l’audio multicanal

Rémi TERESZKIEWICZ (directeur marketing Europe de l’UWA): L’UWA ou UHD World Association est un consortium industriel audiovisuel qui a été créé en Chine en 2022 et qui regroupe à ce jour 430 membres de 40 nationalités différentes, avec notamment des constructeurs d’équipements électroniques internationaux (Samsung, LG, Sony, Grass Valley…), ainsi que des éditeurs de programmes, des plateformes OTT de services de diffusion en TV linéaire (IPTV) et de distribution de contenus vidéo (VOD) . C’est une association à but non lucratif qui est à l’origine d’un nouveau standard de codage numérique des flux audio et vidéo UHD appelé Vivid. Le standard Vivid est double, puisqu’il se compose d’un procédé de traitement et de reproduction du son multicanal immersif appelé Audio Vivid, et d’un procédé de traitement et de reproduction de l’image en définition 4k avec un espace colorimétrique élargi (WCG) et une échelle de contraste étendue, procédé appelé HDR Vivid.

Vivid propose un format de codage audio-vidéo numérique haute performance, conçu selon une approche FRAND, avec une distribution gratuite dans ses premières versions. Ce modèle économique particulièrement attractif a été soutenu par l’industrie électronique chinoise et ses partenaires asiatiques, dans le but de démocratiser l’accès à une expérience audiovisuelle de haute qualité. Grâce à ce positionnement stratégique et ouvert, Vivid bénéficie d’un avantage concurrentiel notable, favorisant son adoption à grande échelle par les fabricants de composants et d’équipements audio/vidéo, les créateurs de contenus, les plateformes de vidéo à la demande, ainsi que les chaînes de télévision linéaire.

Audio Vivid permet de reproduire un espace sonore en trois dimensions grâce à une distribution dans un mode 7.4.1; il dispose de 128 éléments sonores (dits “object based”) qui peuvent être positionnés avec précision dans l’environnement de perception auditive du spectateur. La restitution de cet espace sonore est assurée pour les différents modes d’écoute, allant des oreillettes jusqu’à la barre de son.

Pour l’image, HDR Vivid fait nativement appel à une définition de 3840 x 2160 pixels (UHD 4k) avec un argument de “better pixels”. Comme certains de ses concurrents, le standard se réfère à la courbe de transfert EOTF de type PQ. Il transmet des métadonnées dynamiques assurant l’ajustement du contraste étendu, qui s’adapte au contenu de chaque image. L’image présente des tons intenses et un aspect plus photo réaliste à l’écran avec des hautes luminosités comprises entre 1000 et 1500 Nits pour les zones affichant des sources ou des reflets de lumière dans l’image (spéculaires). De nouveaux types d’appareils, utilisant notamment les propriétés des écrans pliants et des systèmes d’écoute à oreillettes, arrivent sur le marché et vont induire de nouveaux usages chez les consommateurs.

Une autre particularité de Vivid est de mettre ces nouveaux standards de haute qualité audio et vidéo à la disposition de tous les types d’équipements numériques fixes et mobiles, qui rendent possibles les différentes expériences des utilisateurs : les téléviseurs, les smartphones et tablettes, les ordinateurs portables, les moniteurs vidéo, les décodeurs (STB.), les vidéo-projecteurs, et même les systèmes audio-vidéo embarqués dans les véhicules domestiques et professionnels. Pour tous ces types d’usages, l’image en définition UHD-4k associée à un son immersif multicanal a vocation à devenir un standard qui devrait se démocratiser rapidement. Les postes UHD-TV 4k représentent 70% des ventes mondiales actuelles. Par ailleurs, les plateformes VOD recherchent activement des moyens et des arguments pour promouvoir la qualité de leurs services, avec la promesse d’une meilleure expérience sonore et visuelle auprès de leurs abonnés et prospects.

L’adoption de Vivid par les acteurs des industries audiovisuelles a pris une bonne avance en Asie; près de 1200 équipements électroniques compatibles Vivid sont commercialisés et des circuits intégrés (chip-set) sont disponibles pour la fabrication de décodeurs numériques Pour les contenus, on parle de 100.000 heures de programmes vidéo, et 2 millions de morceaux de musique. On constate un ralliement important des fournisseurs de technologies d’une part, et des éditeurs de contenus d’autre part, à ce nouveau standard fédérateur qui se veut multi-équipement, et multi-expérience : “On the Go, At Home, In Car, In Theater”. On notera que l’application du système s’est d’abord concentrée sur tous les types d’écrans actifs mobiles, personnels ou domestiques; son application intervenant plus tardivement cette année aux projections dans les salles de cinéma. Les écrans d’affichage vidéo compatibles avec le standard Vivid (moniteur, télévision) font appel à une technologie différente des écrans UHD-HDR existants fabriqués par d’autres marques. La rétro-compatibilité de ces appareils avec le nouveau standard est possible sur les équipements HDR10.

La campagne de communication officielle sur le standard Vivid a été lancée par l’UWA à l’occasion du festival de cinéma de Cannes; l’UWA prévoit par ailleurs d’organiser un événement international intitulé UWA Summit pour renforcer la promotion du standard Vivid en novembre 2025. L’adhésion à l’UWA est proposée gratuitement et elle permet aux personnes intéressées de suivre les travaux de diverses commissions techniques spécialisées selon les domaines d’usage. La BBC en Angleterre, et la société française de production de documentaires The Explorers, ont réalisé des programmes exploitant le standard Vivid. La société prestataire technique HighFun basée à Paris est actuellement la seule structure professionnelle en France à proposer des prestations de postproduction en conformité avec le standard Vivid.

voir le support de la présentation visuelle

voir aussi https://uhd-world-association.com/

Carrick Skills : orchestration des processus médias et optimisation de bilan carbone

Christophe REMY-NERIS, Edouard PREVOST : Carrick Skills est une entreprise française qui est spécialisée dans la conception de systèmes logiciels d’automatisation des processus pour les traitements et transports de fichiers médias audio/vidéo numériques. Elle a été créée en fin d’année 2016, avec la volonté de concevoir une architecture logicielle de pilotage d’automation originale, flexible et évolutive, qui a abouti à son moteur d’orchestration, Carrick Flows.

Carrick Skills est à la fois éditeur et intégrateur de cet outil modulaire qui permet d’automatiser une part importante des tâches répétitives et “sans valeur humaine ajoutée” dans la chaîne de fabrication des programmes audiovisuels. En France et à l’international, le système est reconnu par ses utilisateurs pour ses qualités d’adaptation rapide dans des environnements technologiques souvent hétérogènes, pour son intégration dans des infrastructures de production ou de diffusion vidéo de toutes tailles. Sa mise en œuvre et sa supervision au quotidien sont aussi appréciées pour leur simplicité. Carrick Flows se distingue par la flexibilité qu’il procure aux équipes techniques en termes de redimensionnement et de mise à jour. Le système est capable de communiquer avec de nombreux équipements audio-vidéo numériques professionnels grâce à son catalogue étendu d’interfaces logicielles API. Il peut échanger des données et des commandes avec la plupart des MAM, PAM, DAM, NRCS et BMS du marché. De même avec les services de stockage et de calcul (computing) des opérateurs en cloud et des plateformes de services numériques comme AWS, Azure , Google ou encore Wasabi.

 Il est capable de fonctionner en mode hybride, en activant des outils logiciels de traitement des médias dématérialisés qui peuvent être présents, installés sur place (on-premise), ou hébergés sur des serveurs distants connectés en réseau IP  (cloud). De nombreux producteurs et détenteurs de droits préfèrent recourir à ce type d’architecture hybride pour assurer la conservation des fichiers nobles en haute qualité (HR) sur leurs serveurs internes, et simplifier la mise à disposition des fichiers de visionnage (LR) dans le cloud.

L’interface de contrôle de Carrick Flows permet à l’utilisateur de modéliser des processus techniques sur mesure, pouvant être simples ou complexes. Sur la base de règles de gestion particulières liées des médias identifiés, il est possible de définir des tables de conditions, et de gérer des priorités d’exécution devant être accordées à certains processus. La priorisation des tâches est gérée sur la base d’une notion appelée due-date, qui fixe la date d’échéance prévue pour la disponibilité du média livrable. Le système a par ailleurs une capacité d’apprentissage “par l’expérience”, qui lui permet de connaître les performances (durée de traitements) des outils mis en œuvre, et d’adapter si nécessaire la chronologie des tâches à réaliser pour satisfaire la contrainte de délai de production. Le système permet par ailleurs de consulter la chronologie des tâches planifiées, et celle des tâches déjà réalisées, et de prendre connaissance des signalements d’acquittement de bon déroulement ou d’éventuels anomalies détectées. Des alertes sont générées au plus tôt et soumises à l’utilisateur pour qu’il puisse mettre en œuvre des moyens de contournement de l’étape en défaut. Des applications mobiles sont disponibles pour assurer le suivi des processus en cours lorsque l’utilisateur est occupé à des tâches en mobilité. Certains workflows prévoient une ou des interruptions lorsqu’ils nécessitent l’intervention d’un technicien pour une ou des tâche(s) spécifique(s). Des tags peuvent être associés aux différents  workflows modélisés pour faciliter leur recherche dans un catalogue étendu.

Carrick Flows a été adopté dès 2019 par la société Eclair (intégrée au groupe Netgem) pour superviser le déroulement automatique de ses très nombreuses tâches de déplacements et de transformation de fichiers vidéo. A l’échelle du groupe France.tv, Carrick Flows est utilisé pour assurer la mise au format (transcodage) et la distribution des fichiers médias des programmes à tous les services éditoriaux à partir du MAM central du CDE. Le système assure en temps réel les échanges et la mise à disposition des sujets traités (séquence vidéo d’actualité) pour les différentes rédactions régionales et nationales, en métropole et outre-mer. Une interface transmet la demande de programme depuis le NRCS et c’est Carrick Flows qui met automatiquement le média au format attendu, et l’achemine dans le meilleur délai vers le serveur de diffusion de la rédaction concernée. Carrick Flows est aussi utilisé en postproduction, par des laboratoires, par des FAIs pour la VOD, et en télévision par la CFRT. Pour de plus petites structures, le système est proposé sous la forme de kits dans une version “clé en main” pour assurer automatiquement la sécurisation ou le référencement des médias dans un MAM, ou encore l’archivage des contenus en production.

Carrick Skills a conclu un partenariat avec la société française Moments-Lab qui met l’automation au service de la documentation et du référencement automatique des contenus des fichiers vidéo numériques. Le système est aussi distribué en marque blanche par un autre partenaire industriel international, et il est déployé aux USA, en Pologne, et  au Moyen-Orient. Il peut être commercialisé sous la forme de location de service en mode SaaS pour du paiement à l’usage, ou de location de plateforme en mode PaaS, l’autre solution restant l’achat de licence par l’utilisateur qui peut alors déployer le système dans son propre data center.

Compte tenu de la considération qui se doit d’être accordée aux impacts écologiques des processus industriels, notamment à travers les bilans carbones qui sont demandés depuis quelques années aux entreprises impliquées dans les industries de médias, Carrick Skills a choisi d’étendre les capacités de son “moteur de workflows” en lui adjoignant un nouveau module nommé Carrick Green. dont le rôle est d’optimiser l’exploitation des ressources en présence pour fournir un bilan carbone concurrentiel. Ce projet est mené en 2025 avec le soutien financier du CNC et en relation avec EcoProd. Carrick Green est un outil logiciel capable de calculer les coûts économiques et écologiques des processus techniques de fabrication et de conservation des médias. L’objectif prioritaire de ces calculs est de mieux utiliser les infrastructures existantes, en anticipant la priorisation des tâches, en lissant la charge de travail quotidienne sur les 24 heures de disponibilité quotidienne et 7 jours de disponibilité hebdomadaire qui sont potentiellement exploitables sur des outils numériques dématérialisés qui peuvent être programmables et fonctionner de manière autonomes. De nombreux équipements électroniques restent alimentés en permanence dans des salles blanches; ils consomment de l’électricité, et produisent des calories qui doivent être éliminées par des systèmes de climatisation qui eux aussi consomment eux aussi de l’électricité. Ce temps de fonctionnement des équipements en heures décalées peut être “mobilisé” et utilement exploité grâce aux systèmes de programmation et d’automatisation de processus 

Cette approche analytique prend à la fois en compte les tâches à accomplir et leurs spécificités, les temps de disponibilité des ressources disponibles dans le l’infrastructure de l’entreprise, et les ressources additionnelles pouvant être mobilisées à la demande à travers internet. Elle permet aussi de modéliser des stratégies d’évolutions d’infrastructure pour évaluer les rapports entre les bénéfices apportés et les coûts additionnels générés. Cette modélisation du changement prend en considération les gains de performances (durée des workflows), leurs économiques et impacts écologiques en termes d’émission de GES

voir le support de présentation visuelle

voir aussi https://www.carrick-skills.com/home

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