Commission Technique : compte-rendu de la réunion du 6 Mai 2025

Cette réunion s’est déroulée en présence dans les locaux de la FICAM à Paris 16e, et simultanément en visiophonie par internet, avec la participation de :
| Christophe ALMERAS | Panasonic Connect |
| Béatrice BAUWENS | MPC |
| Guillaume BRIOT | Panasonic Connect |
| Danys BRUYERE | TSF |
| Marc GIACOBBI | Neyrac Films |
| Laurent HERITIER | Transpalux |
| Pierre JACQUET | Titra-films |
| Fabien MARGUILLARD | FICAM |
| Benoit MAUJEAN | Technicolor France |
Revue des évènements et actualités du secteur audiovisuel au cours des mois d’Avril et Mai
- Dans le cadre du marché international du film de Cannes, le “village de l’innovation” accueillera des rencontres et conférences sur l’émergence de nouveaux outils techniques dans le secteur de la production des films de cinéma. Cet événement sera notamment animé par plusieurs entreprises membres de la FICAM qui propose des applications numériques et solutions logicielles au service des tournages.
IPMX: un nouveau protocole de transport vidéo sur IP basé sur le ST2110
Christophe ALMERAS : le protocole de transport de signaux vidéos numériques sur réseau IP, standardisé sous la référence SMPTE–ST2110, a été progressivement adopté au cours des 10 dernières années par les constructeurs d’équipements audiovisuels professionnels (caméras, mélangeurs, enregistreurs) et informatiques (switches, cartes interfaces réseau). Petit à petit, les liaisons de point à point, supportées par des câbles de type SDI, sont remplacées par des câbles ethernet et des fibres optiques pour transmettre des flux binaires à ultra-haut débit dans les infrastructures de production et de diffusion aux standards broadcast. On constate cependant que cette démarche de transformation des infrastructures impacte moins les applications audiovisuelles des domaines événementiels et institutionnels, qui tardent à engager des évolutions comparables. Cette différence d’engagement s’explique en raison de la complexité et des coûts de mise en œuvre des réseaux UHD sous IP d’une part, mais aussi du peu de proposition d’équipements conformes au standard ST2110 correspondant à leur besoin, d’autre part.
On se rappelle que le premier standard de transmission vidéo sur IP, référencé SMPTE ST2022-06, ne séparait pas les essences audio et vidéo, à la différence du ST2110 qui a plus facilement adopté grâce à sa capacité de dissocier au besoin les sons et images, avec une vidéo en définition HD ou UHD-4k au rapport d’aspect 16/9, sans réduction de débit binaire (BRR), avec une synchronisation temporelle précise assurée par un flux dédié appelé PTP. Malgré cette adoption rapide, la transition technologique du ST2110 n’a pourtant pas apporté la pleine mesure des innovations dont elle est porteuse; les principes fondamentaux historiques de l’ingénierie des infrastructures restant les mêmes. Certains architectes de ces systèmes audio-vidéo sur réseau IP imaginent une possible disparition des châssis de réglage de caméra (CCU), qui fournissent notamment les signaux SDI de visionnage, alors que les boîtiers électroniques des caméras sont de plus en plus performants dans un environnement en full IP. De même, on pourrait concevoir de ne plus recourir à des distributeurs vidéo quand on sait que les switches IP assurent la fourniture de flux aux différents équipements de destination.
Parallèlement à l’adoption du standard ST2110, la proposition du protocole NDI par le constructeur américain Newtek a reçu un accueil favorable en raison notamment de ses propriétés de synchronisation interne, et d’autoconfiguration de la distribution des flux.
C’est à l’initiative de l’organisation AIMS, œuvrant en faveur de l’interopérabilité des équipements AV connectés en réseau IP, qu’un nouveau protocole nommé IPMX (Internet Protocole Media eXperience) basé sur ST2110, est en cours de développement. IPMX permet de transporter au choix des signaux compressés ou non-compressés, dans des définitions et rapports d’aspect d’image pouvant être divers, en mode d’échantillonnage RVB / 4.4.4 / 8 bits ou YUV / 4.2.2 / 10 bits. IPMX exploite nativement les protocoles NMOS de l’AMWA, avec IS-04 pour découverte et le référencement des ressources connectées,,et IS-05 pour le routage des flux vers les équipements. IPMX peut fonctionner sans synchronisation temporelle en faisant appel à des mémoires-tampons en entrée des équipements de mélange; il peut aussi synchroniser les flux audios et vidéo fournis par les équipements sur la référence d’un flux d’horloge PTP-V2.
Des évolutions du protocole IPMX sont envisagées pour assurer la transmission supplémentaire de données de protection de contenu de type HDCP, de liaisons de type USB ou de report de commandes de poste de travail de type KVM.
_________ Pour mémoire, voici un résumé des principales différences entre les deux standards ST2110 et IPMX utilisés pour le transport de contenus audiovisuels sur IP (selon le Chat-Mistral) :
- Nature et Origine:
- ST2110 : C’est un protocole développé par la Société des Ingénieurs de la Télévision et du Cinéma (SMPTE) pour les environnements professionnels de diffusion. Il est conçu pour transporter des flux vidéo, audio et de données de manière séparée sur des réseaux IP.
- IPMX : L’Internet Protocol Media Experience (IPMX) est un ensemble de normes et spécifications ouvertes initié par le consortium industriel AIMS. Il est basé sur ST2110 mais étend ses capacités pour répondre aux besoins spécifiques de l’industrie audiovisuelle professionnelle (ProAV).
- Fonctionnalités et Capacités:
- ST2110 : Ce protocole est agnostique et compatible avec tous les appareils qui l’utilisent, permettant une interopérabilité entre différents fabricants. Il supporte des résolutions allant jusqu’à 4K et des fréquences jusqu’à 120 Hz.
- IPMX : En plus des fonctionnalités de ST2110, IPMX supporte des résolutions personnalisées, des espaces colorimétriques 4:4:4 et des modes couleur RVB. Il permet également une connexion directe entre machines sans nécessiter de commutateur, simplifiant ainsi les configurations.
- Interopérabilité et Standards:
- ST2110 : Il utilise des standards ouverts et permet une interopérabilité entre différents équipements et fabricants. Il est largement adopté dans l’industrie de la diffusion2.
- IPMX : IPMX intègre également les standards NMOS pour la gestion des nœuds médias et la compatibilité des flux, offrant une interopérabilité encore plus poussée et des configurations plus flexibles pour les environnements ProAV.
En résumé, bien que l’IPMX soit basé sur ST2110, il étend ses capacités pour mieux répondre aux besoins spécifiques de l’industrie audiovisuelle professionnelle, offrant ainsi plus de flexibilité et d’optimisation pour les configurations ProAV.
____________
Voir aussi https://video.matrox.com/en/learning/what-is-ipmx
TSF : un nouveau groupe électrogène 100% électrique
Danys BRUYERE : TSF, en tant que société référente de location de matériel et de prestation technique pour les tournages, a choisi de concevoir un groupe électrogène à batteries 100% électrique, avec des caractéristiques optimisées pour répondre aux besoins des tournages de films de cinéma, de fictions longues et de publicité.
Dans un premier temps, TSF a expérimenté l’usage de blocs-batteries aux formats “valise” et “cube” sur roulettes. Ces équipements ont vu progressivement leur puissance évoluer de 2,8 à 4 kWh pour les “valises”, et de 5,6 à 11 kW/h pour les “cubes”. A partir de 2023, l’objectif était cette fois de fournir une unité autonome de forte capacité, capable de fournir une charge suffisante pour supporter une journée de travail d’une dizaine d’heure d’une équipe complète de tournage, intégrant de l’éclairage. C’est grâce aux enseignements tirés des retours d’expérience des modalités de travail sur les plateaux de tournages, et aux discussions menées avec les chefs de postes techniques -et notamment les chefs électriciens- que les spécifications techniques et opérationnelles de ce groupe électrique ont pu être déterminées.
La conception de ce nouveau groupe mobile a été entreprise en 2023; elle repose sur un véhicule porteur léger à propulsion électrique de 12 m3, de la marque Ford, type E-transit (ouvert au titulaire du permis B pour voiture, complété par un certificat ADR de transport routier de matière dangeureuse). L’ingénierie électrotechnique de l’ensemble a été assurée par la société TYVA Energies qui a fourni les cellules de batterie constituées de Li-NMC (Lithium-Nickel Manganèse Cobalt). La densité énergétique des batteries Li-NMC est de 225 W/h/kg. Le poids total de la batterie et de ces composantes électroniques correspond à la charge utile maximale du porteur, soit 1,3 tonne.
Le groupe ainsi constitué délivre une puissance instantanée de 45 kVA (2 x 18 kW et plus en simultané); Selon les analyses réalisées, cette combinaison est le meilleur compromis entre la puissance d’une part et l’autonomie utile de la batterie d’autre part. Cette autonomie maximale théorique est de 175 kW/h, qui correspond en fait à une autonomie utile de 130 kWh, car la batterie ne doit jamais être totalement déchargée (DOD<80%). Le groupe peut être rechargé au choix sur une borne publique de 22 kW en courant alternatif triphasé (charge lente), ou sur une borne électrique dite de charge rapide, en courant continu, avec la possibilité d’une recharge partielle en 1 heure 30 min. Nous avons opté pour des débits de recharge conservateurs (<0.3C) afin d’éviter l’usure prématurée des cellules et éviter le besoin de systèmes de refroidissement des batteries qui aurait généré du bruit et aurait alourdi l’ensemble qui est à la limite de la charge utile et du PTAC du véhicule. Les deux portes arrière s’ouvrent pour donner accès aux dispositifs de sécurité et à l’IHM du système de supervision des batteries (BMS). Le niveau sonore émis en position portes fermées est très faible, de l’ordre de 37 à 38 dB(a) à 5 mètres, alors qu’il est habituellement de 55 à 67 dB(a) pour un groupe électrogène thermique. Une trappe latérale scellée donne accès à la connectique d’alimentation du plateau via des connecteurs 16A, 50A et 100A en monophasé, en sortie pour la fourniture de courant, et en entrée pour la recharge de la batterie via un connecteur CCS2 compatible avec les bornes de recharge publiques destinés aux véhicules électriques.
Selon les experts, les perspectives des progrès techniques en cours devraient permettre de réduire le poids des batteries dans un rapport de 5 d’ici 2030, sans présupposer d’une date réelle d’industrialisation.
voir aussi https://www.tsf.fr/produit/groupe-electrogene-100-electrique-2/



