Commission Technique : compte-rendu de la réunion du 7 Février 2025

Cette réunion s’est déroulée en présence dans les locaux de la FICAM à Paris 16e, et simultanément en visiophonie par internet, avec la participation de :
| Alexandre HENNEUSE | Reemo |
| Pierre JACQUET | Titra-films |
| Alvaro LAMARCHE TOLOZA | Mago-Studio |
| Fabien MARGUILLARD | FICAM |
| Benoit MAUJEAN | Technicolor |
| Christophe NELSON | INA |
Revue des évènements et actualités du secteur audiovisuel au cours des mois de Décembre et Janvier


Mago : un outil IA d’application de style graphique pour la vidéo
Alvaro LAMARCHE TOLOZA : Mago est un outil logiciel qui permet d’appliquer automatiquement un style graphique de référence à une séquence d’image vidéo animée. Mago est une solution qui fait appel à à des algorithmes d’Intelligence Artificielle analytique pour interpréter les éléments qui constituent le contenu d’une image; ces traitement à base d’IA procèdent à des détections de contours (edge detection) et de surfaces, ainsi qu’à des estimations de position en profondeur (depth estimation). Mago a été conçu dans le contexte de l’évolution d’une autre solution logicielle nommée WarpFusion; il s’agit aussi d’un outil de traitement de type video-to-video développé en code open source, et qui est disponible sur Github. L’objectif recherché avec Mago est multiple; d’abord, de proposer des rendus graphiques vidéo à la fois originaux et de qualité professionnelle, en apportant des moyens de contrôle mieux adaptés aux exigences des équipes créatives professionnelles, c’est aussi de permettre l’estimation des temps de calcul de rendus d’images finales, afin de maitriser les coûts induits par les traitements effectués.
Mago permet à l’utilisateur de charger dans le système le fichier d’un élément vidéo en définition HD d’une durée de quelques secondes à colorier. Un pré-traitement est opéré pour dissocier les éléments situés en avant-plan et ceux de l’arrière-plan, ainsi que les personnages et les objets en mouvement dans le cadre. Le système donne par ailleurs la possibilité à l’utilisateur de désigner le fichier d’une image fixe numérique pour qu’il serve de modèle de référence visuelle au système; le style graphique de cette image-modèle sera analysé et décomposé pour caractérisert la nature des tracés, des adaptations de couleurs et des placages de textures à réaliser. Des ajustements de natures diverses sont ensuite accessibles pour d’affiner la recherche de l’effet recherché, afin d’atteindre, par des itérations successives, le style graphique répondant au mieux à l’intention créative.
La version de Mago qui est présentée actuellement correspond à une version “alpha” qui a vocation à être testée et évaluée par un panel d’utilisateurs référents. Mago peut-être utilisé dans le cadre d’étapes de travail en pré-production, ou bien pour générer le rendu visuel final d’un plan (final pixel). Il permet de réaliser à la demande différentes versions présentant des rendus esthétiques différents de l’image. La chronologie des différents essais réalisés permet à l’utilisateur de préciser les caractéristiques du rendu souhaité, pour s’approcher et atteindre finalement l’aspect artistique recherché.
L’outil MAGO pourrait échanger des données descriptives des éléments de l’image avec le logiciel de création 3D Unreal Engine, à la fois en envoi et en réception. Il est parfois possible d’améliorer le rendu de l’image finale livrée par Mago grâce à un post-traitement faisant appel à Unreal. Mago apporte aux industries créatives audiovisuelles une large palette de traitements de stylisations graphiques des images, avec des coûts de fonctionnement maitrisés. Le mode de facturation du service, de type PayG , est basé sur un principe de paiement “selon la consommation”, avec un décompte de jeton de crédit à l’usage.
Voir le support de la présentation
Voir aussi https://www.mago.studio/
Reemo : technologie logicielle d’accès à distance sécurisé et de hautes performances
Alexandre HENNEUSE : la société française Reemo est à l’origine d’une solution innovante de cybersécurité originale. Il s’agit de Reemo, un outil logiciel utilitaire qui a été mis sur le marché il y a 5 ans pour assurer des liaisons d’échanges de données hautement sécurisées et sans latence, entre les postes d’utilisateurs connectés à distance via internet et les serveurs de production des entreprises. Reemo garantit à la fois la sécurité et la réactivité des échanges en temps réel entre les équipements légers des collaborateurs et les environnements informatiques stratégiques pour les entreprises. Cette brique technologique a été imaginée au moment de la crise du CoViD pour répondre aux exigences de sécurité des employeurs vis à vis des configurations de télétravail devenue indispensable pour le maintien d’activité. Elle garantie une prise de contrôle à distance via les réseaux des serveurs applicatifs professionnels par des collaborateurs situés à distance. Elle permet aux entreprises de prolonger l’activité de leurs outils internes de hautes performance à partir de client légers connectés via internet.
Alors qu’il était appliqué initialement aux besoins de cyber-protection pour le télétravail dans le domaine de la bureautique, le système Reemo a évolué pour s’adapter aux contraintes spécifiques des environnements liés aux production des éléments audio et vidéo, en apportant des solutions efficaces aux transports et traitements des médias. Les principaux besoins des entreprises audiovisuelles concernant les liaisons de commandes en réseau se traduisent par une protection efficace contre les risques de fuites de données numériques, et par une très faible latence des transmissions bilatérales de données. Les données concernées sont générées, d’un coté, par des organes interfaces de commandes (souris, tablette, molette…) du poste client de l’utilisateur; elles sont par ailleurs transmises par le serveur de la station de travail qui fournit un -ou des- flux vidéos de visualisation, et/ou des signaux audio d’écoute audio pour les éléments médias qui sont traités. Grâce à Reemo, l’expérience de l’utilisateur à distance est semblable à celle qu’il connait lorsqu’il travaille dans l’entreprise, et ce même si les performances de son équipement client (PC, Mac, ChromeBook) sont limitées. Le système supporte des configurations de travail en vidéo UHD 3840 à une cadence jusqu’à 60p. Des discussions sont actuellement en cours avec le constructeur américain de tablettes Wacom pour une possible intégration de la technologie Reemo dans leurs équipements.
Reemo est actuellement employé par environ 40.000 utilisateurs répartis dans quarante pays. Il est utilisé par des groupes médias comme NBC aux USA, TF1 et FranceTV en France. Reemo est mis quotidiennement en oeuvre pour que des collaborateurs distants, équipés d’un équipement numérique connecté et d’un navigateur web, puissent se servir d’internet tout en accédant simultanément à des applications professionnelles hébergées sur les serveurs internes de leurs employeurs. C’était notamment le cas pour la configuration de couverture des JOP2024 par FTV; on parle alors de Remote Brother Isolation (RBI). Le groupe Orange utilise Reemo pour simplifier l’accès distant à des conteneurs applicatifs qui sont plus efficaces et moins couteux que des accès à des machines virtuelles. Les principaux concurrents de Reemo sont HP-A (de la marque Teradici rachetée par HP) pour la bureautique, ou Parsec pour le jeux vidéo. Contrairement à ces solutions qui nécessitent le téléchargement et l’installation locale d’une application sur le poste client, Reemo fait uniquement appel à un navigateur web standard pour donner l’accès aux services distants, avec une authentification de type SSO ou 2FA. Le recours à un composant logiciel spécifique de type “companion” permet de reconnaitre automatiquement les différents types de périphériques qui sont connectés en USB sur l’appareil à distance. La connexion simultanée de plusieurs utilisateurs est possible, avec un paramétrage des interfaces de commandes. Des programmations peuvent être établies à l’échelle calendaire, avec une précision horaire, pour donner l’autorisation d’accès aux ressources internes depuis internet.
En complément de l’accès distant à des unités centrales pouvant être physiques ou virtuelles, Reemo propose aussi des services de “conteneurisation”: ce type de mise à disposition en réseau d’un logiciel sous la forme d’un conteneur constituent une alternative concurrentielle aux différentes solutions de “virtualisation” présentes sur le marché (Citrix, VMware). Le déploiement de conteneurs rend possible l’accès en réseau à des applications qui sont moins consommatrices de ressources; elles s’activent et se désactivent plus rapidement, sans avoir recours à un système d’exploitation dédié. Reemo permet de provisionner et de programmer l’activation de logiciels en conteneurs chez des fournisseurs de services en cloud; il assure l’extinction automatique des ressources logicielles après leur temps d’utilisation effective.
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Voir le site web : https://reemo.io/fr/
BTS-AV : adapter le programme de formation aux évolutions des métiers techniques audiovisuels
F.MARGUILLARD : L’association Luminance regroupe les responsables de formation et chefs d’établissement de l’Education Nationale en charge des filières de Technicien Supérieur en audiovisuel (BTS-AV) . Le représentant de cette association, Mr RANAIVOSON, responsable au lycée Jacques Prévert de Boulogne Billancourt, a adressé en début d’année un courrier à la FICAM afin d’ouvrir une discussion sur le besoin d’une révision du programme actuel de préparation de ce diplôme. Invité à participer à la réunion de la commission technique le 10 janvier dernier, il a pu donner des explications plus détaillées sur l’évolution de ce diplôme, sur la conjoncture actuelle et le cadre de son évolution. P.SOUCLIER a rappelé à cette occasion que cet exercice de réactualisation du référentiel de formation avait été réalisé en 2020 et s’était concentré à l’époque sur le BTS-AV option TIEE, avec une étude menée par un groupe de travail de la FICAM constitué de représentants d’entreprises. Une enquête avait été réalisée au moyen d’un questionnaire en ligne soumis aux employeurs. La synthèse des réponses collectées avait permis la rédaction d’une mise à jour du document référentiel qui est publié sur le site de la FICAM, et qui avait été transmis à Mr BERERA, à l’époque inspecteur général de l’Éducation Nationale en charge des BTS audiovisuels. En conclusion, Mr RANAIVOSON a invité la FICAM (représentée par P.SOUCLIER & F.MARGUILLARD) à participer à la réunion organisée par l’association Luminance les 3 et 4 février dernier au lycée de Boulogne-Billancourt.
Le Brevet de Technicien Supérieur préparant aux métiers techniques AudioVisuels est un programme de formation supérieure de niveau bac+2 qui a été créé par l’Education Nationale en 1984; cette spécialité du BTS a été déclinée à l’époque en cinq options répondant aux attentes des différentes filières du secteur des médias audiovisuels, couvrant les besoins de la gestion, de l’édition et de la distribution des contenus. Ces cinq options sont : Métiers de l’Image ; Métiers du Son ; Montage & Postproduction ; Techniques d’Ingénierie & d’Exploitation des Equipements ; Gestion de la Production.
Lors de cette réunion, l’un des thème de discussion a été le besoin de réactualisation des programmes d’enseignements des différentes options du BTS-AV; ce besoin se manifeste pour toutes les options, et notamment une nouvelle fois pour l’option TIEE en raison des évolutions rapides des technologies de transport et d’infrastructures de réseaux numériques (vidéo sur IP au standard ST2110). Il a été rappelé que les débouchés professionnels des diplômés restent satisfaisants, alors même qu’il n’est pas rare d’entendre les employeurs déplorer des lacunes de cultures technologiques constatées chez les jeunes recrues sortant des filières BTS-AV. La question de la durée du cursus a été évoquée: le Diplôme Universitaire Technologique (DUT) évolue pour passé au niveau BAC+3; pourquoi pas les BTS avec une 3ème année de Bachelor dans le cadre de la réforme de la voie professionnelle ? les périmètres définis par les 5 options actuelles sont-ils encore pertinents, ou bien les options doivent-elles être reconsidérées pour mieux répondre aux évolutions des organisations professionnelles ? Les budgets d’investissement en matériels pédagogiques de l’EN sont très contraints; les lycées font appel à la bonne volonté des entreprises pour leur céder leurs équipements remplacés (pas trop obsolescents) lors de travaux de modernisation de leurs infrastructures. Les entreprises membres de la FICAM sont sollicitées pour proposer la reprise de leurs anciens équipements audio et vidéo aux filières audiovisuelles des lycées qui en ont besoin.
Les enseignements techniques dans ces filières sont dispensés à la fois par des professeurs titulaires, et par des intervenants externes, généralement des professionnels en activité. Les professeurs sont confrontés à une grande difficulté pour maintenir à jour leurs connaissances techniques durant la durée de leur activité pédagogique; ils déplorent qu’aucun dispositif ne soit prévu pour les aider à entretenir leur connaissances des technologies appliquées aux médias audio/vidéo. P.SOUCLIER propose d’accueillir les profs de BTS-AV en formation “Réseaux IP/ST2110”; l’IIFA pourrait octroyer gratuitement une place sur les stages qui ne sont pas totalement pleins; une à deux fois par an, des cursus de 5 jours de formation spécifique pour les professeurs pourraient t être imaginés avec le concours de la FICAM et hébergés dans les locaux de l’IIFA. F.MARGUILLARD suggère d’utiliser le glossaire ontologique GOTTAM, disponible en ligne, en tant support pédagogique, et aussi d’auto-formation. C’est une ressource d’information propice à l’apprentissage par l’approfondissement ou par la découverte. Les explications des termes y sont données de manière synthétique par un article court, écrit en mode hypertexte et sans verbosité; des liens sont présents dans chaque article pour proposer des explications complémentaires au survol de certains mots; des termes connexes liés à une notion de référence sont présentés par des hyper-liens en association avec chaque terme. Ce répertoire audiovisuel du web référence chaque terme en le classant dans une -ou plusieurs- catégories spécialisées; grâce à cette cette structuration, il permet à l’internaute d’afficher et de parcourir l’ensemble des éléments de langages liés au sous-domaine de connaissances de son choix.
C.NELSON indique de son coté que l’INA envisage d’abandonner son cursus de BTS-AV opéré en partenariat avec le lycée Evariste Galois de Noisy-le-Grand. En remplacement, l’INA pourrait lancer une nouvelle filière de niveau Bac+3 avec une Licence-Pro AV numérique, associant les champs de connaissances de l’audiovisuel et ceux de l’informatique multimédia. Dans cette perspective, l’INA ne participerait pas au futur groupe de travail de la FICAM sur la mise à jour du référentiel du programme du BTS-AV actuel sur 2 ans.



