Commission Technique : compte-rendu de la réunion du 4 Avril 2025
Cette réunion s’est déroulée en présence dans les locaux de la FICAM à Paris 16e, et simultanément en visiophonie par internet, avec la participation de :
| Robin ALTINYOLLAR | Nuts-Heat |
| Jérôme BATTISTELLI | Armada |
| Maxime BEUCHER | NeoSet |
| Mehdi BIZEUL | Sketchfab |
| Xavier BRACHET | Digital Media Nutty |
| Laurent HERITIER | Transpalux |
| Pierre JACQUET | Titra-films |
| Franck LAMBERTZ | Rodeo-FX |
| Hans-Nicolas LOCHER | CST |
| Fabien MARGUILLARD | FICAM |
| Benoit MAUJEAN | Technicolor France |
| Christophe NELSON | INA |
| Kevin PACINI | Digital District |
| Franck ROUSSEAU | Kitsu |
Revue des évènements et actualités du secteur audiovisuel au cours des mois de Décembre et Janvier
- La commission Postproduction de la FICAM organisait le mercredi 12 Mars une réunion sur le thème des fichiers médias livrables pour la conservation et l’exploitation des programmes. Les entreprises prestataires de postproduction et les laboratoires de fabrication de médias numériques ont souhaité faire connaître les problématiques de gestion et de logistique qui sont liées à une diversité excessive des spécifications techniques liées aux commandes de ces fichiers qui sont notamment fabriqués à la demande des diffuseurs et distributeurs (linéaire et VAD). Une nouvelle réunion est prévue sur ce thème le mardi matin 8 avril, avec la participation de représentants des départements d’approvisionnement des commanditaires (chaînes TV et plateformes VOD).
- La CST organisait le 13 mars dernier, en partenariat avec la FICAM, une nouvelle matinée “Café Technique” consacrée aux entreprises prestataires, avec au programme les présentations des activités des sociétés Moviechainer et Mediartis.
Armada: photogrammétrie et LIDAR au service de la capture 3D de jumeaux numériques architecturaux.
Jérôme BATTISTELLI : Armada est une jeune société française qui a été fondée il y a quatre ans dans le but de proposer des prestations de numérisation ou scan 3D de lieux et de monuments aux producteurs de contenus des filières audiovisuels, et plus globalement au secteur des ICC. Les équipes techniques d’Armada sont spécialisées dans la mise en œuvre de procédés de photogrammétrie à différentes échelles, et de capteurs LIDAR pour capturer les données de dimensions physiques et générer des modèles géométriques en trois dimensions de sites extérieurs, de lieux (intérieurs et extérieurs), et d’oeuvre d’art (le scan de corps humains étant une spécialité traitée par d’autres entreprises spécialisées). La capture 3D de jumeaux numériques est un type de prestation technique qui a vu le jour il y a une dizaine d’années sur de grosses productions américaines avant d’être importé en France.
La photogrammétrie est un procédé qui repose sur la capture d’un grand nombre de vues photographiques, prises à 360° selon les axes horizontaux et verticaux du sujet, de manière à disposer d’un jeu le plus complet de “vues du sujet sous tous les angles”. Les images adjacentes doivent toujours présenter une zone de recouvrement pour permettre à un outil logiciel spécialisé de les analyser et de les replacer dans l’espace de manière précise; grâce à un puissant algorithme de trigonométrie, il calcule les distances et dimensions précises caractérisant les éléments qui sont présents dans la vue d’ensemble. Un logiciel comme RealityCapture ou Meshroom est alors utilisé pour générer une vue en nuage de points qui préfigure le maillage du modèle volumétrique du sujet. L’ étape suivante de traitement logiciel permet de transformer le nuage de points en une représentation de type mesh, constituée de polygones qui définissent les surfaces élémentaires du volume. Les textures et couleurs des matières sont ensuite superposées par un traitement de texturing qui complète le modèle 3D de l’asset attendu. Pour visualiser l’image du modèle à l’écran, en choisissant le point d’observation du sujet par le spectateur dans l’espace, on peut alors utiliser des logiciels de visualisation en temps réel tels que Unreal Engine ou Unity.
Une solution alternative à la photogrammétrie est connue sous le nom de LIDAR, qui est un système de scanner à laser de type infrarouge. C‘est un système électronique autonome qui combine une double rotation angulaire automatisée d’un faisceau laser pour effectuer des mesures directes, basées sur le temps de trajet du point lumineux du laser dans l’espace. Le LIDAR est capable de livrer directement le jeu de données du nuage de points, mais il est moins performant pour la capture des textures, qui reste plus efficace en photogrammétrie. En revanche, il est insensible aux variations de la lumière ambiante, et son mode de mesure optique directe au laser est parfois plus précis que le calcul opéré sur les vues photographiques.
La création de jumeaux numériques ou modèles 3D de lieux et d’œuvres d’art en volume est une activité qui permet de constituer une base de données de reproduction visuelle pérenne d’un patrimoine architectural historique commun. A ce titre, Armada s’intéresse aux initiatives communautaires de préservation des données comme TEMS ou TAMIS. La structure est membre de Gaia-X. Par ailleurs, Armada suit avec attention les développements des nouveaux outils de visualisation en 3D de type Gaussian Splatting, à base de vidéo à 360°, qui permettent de simplifier et de démocratiser l’usage de la visualisation volumétrique.
Voir aussi www.armada-studios.com
Kitsu : un outil de gestion et de collaboration pour les studios d’animation et de VFX
Frank ROUSSEAU : Kitsu est un outil logiciel professionnel dédié à la gestion et à la supervision des productions de contenus d’images dans les studios d’animation et d’effets visuels; il permet de déployer une plateforme en cloud accessible par un navigateur web pour la faciliter la collaboration des différents métiers qui sont impliqués dans les processus techniques. L’objectif de la plateforme Kitsu est de permettre à tous les intervenants techniques et artistiques, qu’ils soient opérationnels, créatifs ou encadrants, de collaborer à distance avec la même simplicité et la même réactivité que s’ils étaient en présence, partageant le même lieu de travail. Kitsu apporte des réponses concrètes aux différents problèmes posés par l’augmentation des volumes de travail liés aux productions modernes, par le nombre des collaborateurs et la diversité des métiers devant collaborer, par la délocalisation géographique de certaines équipes, ou encore par le télétravail pratiqué par périodes par certains collaborateurs. Kitsu permet au besoin de gérer la collaboration temporaire de deux ou plusieurs sociétés prestataires techniques, travaillant conjointement sur la même production. Pour ce type de collaboration, il est possible de mettre en place une plateforme Kitsu commune aux sociétés associées, ou de synchroniser les données utiles à la production commune sur les Kitsus de chacune de sociétés.
La société française CG-WIre dirigée par F.ROUSSEAU est à l’origine du développement du logiciel Kitsu en mode open source. Ce choix d’un code ouvert permet d’établir une relation de confiance avec les clients/utilisateurs, qui voient comment le logiciel fonctionne, et qui se sentent moins dépendants de leur fournisseur. La publication du code open-source permet par ailleurs de bénéficier des contributions de la communauté qui enrichissent régulièrement les fonctionnalités et améliorent les performances du logiciel. CG-WIre propose aussi des formules d’hébergement de Kitsu dans des serveurs basés en France, ainsi que des services d’assistance et de support technique en français pour le déploiement et la maintenance de la plateforme.
La plateforme collaborative Kitsu, accessible en mode web, permet de visualiser et d’éditer une planification dans le temps des différentes étapes de travail d’une production; elle permet de modéliser et d’affecter les tâches horaires de contributions unitaires à des opérateurs/artistes, d’assurer le suivi d’avancement de chaque étape de la réalisation, de gérer les phases de visionnages et états de validation (review), ainsi que l’historisation des différentes versions des éléments fabriqués. Un soin particulier est porté aux éléments graphiques interfaces,qui sont plaisants pour les utilisateurs et se mettent facilement à jour.
Kitsu se décompose en 6 modules complémentaires qui sont dédiés à des fonctionnalités connexes: la collaboration (échange d’informations entre les métiers: chargés de production, superviseurs, artistes/opérateurs, réalisateurs, clients, contrôle de gestion), les visionnages et validations (review), le casting (catalogue des éléments présents dans chaque plan), la base de données, les modes de visualisations temporelles des activités (planning) et la consolidation des informations de gestion des ressources engagées (calculs des coûts et suivi du budget). De nouveaux développements sont en cours cette année, dans le cadre d’un projet aidé financièrement par le CNC, pour permettre le calcul de devis estimatifs en amont des productions, et la comparaison du budget prévisionnel avec le budget réalisé. d’autres développement seront réalisés pour permettre le calcul d’un “bilan carbone” pour chaque production.
La plateforme peut aussi s’interfacer avec des outils de messagerie instantanée du web, comme chat, Slack, Discord ou Mattermost. Les accès web aux données utiles à chaque métier permettent, même à distance, de maintenir le niveau d’efficacité collective qu’on connaît habituellement en cohabitation dans un studio.
Kitsu dispose d’une API programmée en langage Python, qui permet des échanges de données configurables en entrées et en sorties avec les outils logiciels de pipeline des studios d’animation et de VFX.
Kitsu est actuellement déployé sur environ 300 sites de production de films d’animation, d’effets visuels, de jeux vidéo, et d’écoles formant à ces domaines d’activité, répartis dans 30 pays à travers le monde, avec une centaine de clients directs, et environ deux cents déploiements open-source en mode auto-hébergés.
Voir le site web : https://www.cg-wire.com/fr/kitsu
Nuts-Heat : du chauffage écologique en tournage
Robin ALTINYOLLAR : Il est fréquent qu’en période hivernale, certains tournages se déroulent sur des sites extérieurs où dans des lieux qui sont difficiles à chauffer. Ces situations de basses températures sont généralement la cause d’inconfort, et de conditions de travail dégradées pour l’ensemble des professionnels impliqués, que ce soient les équipes techniques, les responsables de coordination, les artistes comme les producteurs.
La société française Rochecodiam’s, basée à Clamart au sud-ouest de Paris, propose depuis quelques années des matériaux combustibles alternatifs, qui sont notamment issus de la production de charbon de bois écologique à base de coques de noisettes, conditionné sous la forme de briques compressées. L’activité de la société a donc commencé par la fabrication de charbon écologique à base de coquilles de noisettes; conditionné sous la forme de briquettes, ce charbon est utilisé par les particuliers et les professionnels qui l’utilisent dans leurs fourneaux, leurs cheminées ou encore dans leurs barbecues.
Nuts’Heat est une filiale de Rochecodiam’s qui propose des solutions écologiques et complètes de chauffage en utilisant directement la matière brute que constituent les récupérations de coquilles de noisettes en masse. Cette matière jusqu’alors inutilisée et habituellement vouée à être détruite trouve grâce Nuts’Heat une place originale et opportune dans les mécanismes de l’économie circulaire, puisqu’elle permet de se chauffer à moindre coût avec une matière jusque-là considérée comme un déchet. La majeure partie de l’approvisionnement des réserves de coquilles de noisettes à brûler est assurée par des fournisseurs situés en Turquie, qui est le premier pays producteur de noisettes au monde.
Avec l’aide d’experts-chauffagistes, la société a mis au point et fabriqué des fourneaux spéciaux qui sont adaptés à la combustion des coquilles de noisettes. Cette combustion a la particularité d’atteindre une température très élevée -on parle de pyrolyse- qui est supérieure à celle produite par le bois brut; elle présente par ailleurs l’avantage de ne pas émettre de fumées, car les gaz émis participent à la combustion interne et apportent des calories supplémentaires. Les résidus de cendre peuvent même être utilisés comme fertilisant pour les plantes, oun pour éloignher les insectes. En se consumant sans fumée, les coquilles de noisettes réduisent les émissions de gaz à effet de serre, et ce bénéfice est à mettre au crédit du bilan-carbone qui doit désormais être établi par les responsables de production des films de cinéma.
Les fourneaux à coquilles de noisettes permettent de réchauffer l’air capté sur le site d’activité et de faire circuler l’air chaud avec un débit ajustable sur le lieu de travail grâce à un réseau en aller-retour de tuyaux de grand diamètres. Le fourneau est toujours installé en retrait de l’espace scénique où s’opère les prises de vues et de sons; il est silencieux, et le réglage du débit de l’air chaud circulant dans la conduite permet au besoin de moduler l’effet de soufflerie lorsqu’il peut être dérangeant.
Ce type de fourneau est bien adapté aux grands volumes qui peuvent être occupés par des activités événementielles, des captations audiovisuelles ou des tournages de cinéma. Il en existe plusieurs modèles de différentes tailles, pour répondre aux différentes configuration d’utilisation, qui sont transportés sur les sites selon des modalités assurées par la société. Le transport doit généralement se faire par camion, car les plus gros corps de chauffe atteignent un poids de l’ordre de 700 kg pour assurer le chauffage de site d’une surface de 2000 m2.
Au plan économique, le coût de revient du chauffage aux coquilles de noix est inférieur à ceux de tous les autres modes, que ce soit au bois, au gaz, au fuel ou à l’électricité.
Ce nouveau procédé de chauffage à base de coquilles de noisettes a été adopté avec succès depuis plusieurs mois pour les tournages à Bezons, de la série “Astrid et Raphaëlle” diffusée par France.tv.
Voir le site web : https://nutsheat.fr et https://www.rochecodiams.com/fr
