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Retour d’IBC 2025

L’IBC 2025 qui réunissait mi-septembre 44 000 visiteurs et plus de 1300 exposants a confirmé son rôle de catalyseur des tendances technologiques lourdes du secteur audiovisuel. En exergue cette année, la percée des workflows automatisés dans le cloud boostés à l’IA et aux agents intelligents au service de la post-production. Autant d’innovations numériques qui font également émerger le besoin croissant de plus de découvrabilité, traçabilité et sécurisation des contenus audiovisuels d’un bout à l’autre de la chaîne.

Des workflows optimisés, automatisés et boostés à l’IA  

À l’IBC 2025, l’intelligence artificielle a confirmé son rôle de moteur invisible des workflows médias. Indexation, montage, distribution : elle fluidifie désormais toute la chaîne, transformant les Media Asset Managers (MAM) en hubs collaboratifs où la donnée circule de façon fluide et sécurisée. L’IA ne se contente plus d’automatiser, elle anticipe, personnalise et enrichit, du tournage à l’archivage.

Cette mutation soulève cependant de nouveaux défis. L’IA générative, en passe de devenir une brique standard, se heurte à un dilemme : ouverture ou contrôle. Les acteurs du secteur misent sur des modèles plus ou moins transparents, cherchant à rassurer à la fois les créateurs soucieux de garder la maîtrise de leurs outils et les consommateurs, exigeants sur l’authenticité et l’éthique des contenus. Dans un contexte de fragmentation des audiences et de budgets contraints, la question n’est plus seulement technologique mais culturelle : comment bâtir la confiance.

L’ère de l’IA “bricolée” semble révolue. Place à une industrie média augmentée, dominée par AWSNVIDIA et les grands modèles de langage, mais aussi portée par l’inventivité d’acteurs européens. Sur les stands, les exemples étaient nombreux : AWS et ses partenaires français comme AtemeDaletNomalab ou Odub, solution de doublage automatique développée par Checksub, présentaient des workflows complets allant de l’automatisation de l’ingest et du chapitrage à la traduction et au doublage speech-to-speech.

Moments Lab franchissait un cap avec le lancement de plugins IA compatibles avec les trois principales solutions de montage du marché, Adobe PremiereAvid et DaVinci Resolve. Grâce à l’IA MXT-2, les monteurs peuvent désormais indexer à la volée leurs plans, croiser métadonnées et contenus externes et ainsi rééditer plus efficacement un flux live, un reportage ou un documentaire. La plateforme Brut en a d’ailleurs fait la démonstration au Festival de Cannes 2025, atteignant une audience de 600 millions de vues.

Dalet présentait pour sa part Dalia, un agent conversationnel basé sur Claude Sonnet. Conçu pour assister les journalistes, Dalia exploite les données internes d’une newsroom Dalet et les enrichit avec des sources en ligne. Il peut par exemple analyser une base d’archives, la croiser avec des informations issues du web et proposer des contenus contextualisés. Un outil pensé pour faire gagner du temps tout en renforçant la qualité et la fiabilité du travail éditorial.

Sur le plan de la prise de vues en direct, l’IA gagnait aussi du terrain avec Multicam Systems, qui présentait un module combinant suivi oculaire, zoom automatique et suivi audio pour affiner le cadrage et la réalisation sur un plateau avec un minimum d’intervention humaine. L’entreprise s’était également associée à Canon pour dévoiler une caméra zénithale : grâce à la triangulation, celle-ci peut détecter, positionner et cadrer automatiquement jusqu’à huit personnes dans un même studio.

D’autres confirmaient la vitalité française : Embrace avec ses solutions low-code Automate-IT et Pulse-IT, VOD Factory avec Ottomate, un back-office multi-plateformes, BeNarative avec sa solution cloud-IA de vidéo collaborative, ou encore Synchronized avec sa publicité contextuelle développée avec TF1+. Des acteurs établis comme Ignif.ai, EasyTools, Vizion’R ou Hexaglobe complétaient le tableau, illustrant une tendance nette : l’IA n’est plus une option, mais la nouvelle norme de l’industrie.

Renforcer la découvrabilité, traçabilité et sécurité des contenus

À l’occasion de son centenaire, l’Union Européenne de Radio-Télévision (EBU) a profité de l’IBC 2025 pour rappeler combien la confiance est devenue un enjeu central pour l’écosystème audiovisuel.

Pour y répondre, l’alliance internationale des médias de service public mise sur l’ouverture : généraliser l’open source et développer de nouveaux outils intelligents afin d’améliorer la découvrabilité, la traçabilité et la sécurité des contenus. Deux chantiers structurants illustrent cette ambition : Security4Media et EBUCore Plus.

Présenté par Kamil El Fayache, Security4Media, réunit diffuseurs et acteurs privés pour renforcer la cybersécurité d’un secteur où un tiers des systèmes présentent encore des vulnérabilités. L’association mise sur le partage d’intelligence, de certifications et de solutions rapides pour répondre aux menaces. En parallèle, l’EBU développe EBUCore Plus, une ontologie open source héritée d’EBUCore et du CCDM. Modulaire et interopérable, elle vise à unifier et enrichir les métadonnées pour transformer les données brutes en connaissances exploitables, indépendamment des technologies employées. Un outil essentiel pour améliorer la découvrabilité et garantir la traçabilité des contenus.

La question de l’authenticité et de la traçabilité s’est aussi imposée avec le C2PA (Coalition for Content Provenance and Authenticity). Ce standard atteste la provenance d’un média grâce à des certificats regroupant logiciels, appareils ou modifications dans un bloc vérifiable appelé Manifest C2PA. À Amsterdam, la conférence “Stamping Your Content” réunissait BBC, EBU, ITN et Sony autour du développement d’outils open source pour intégrer simplement ces Content Credentials dans les workflows. Sony présentait d’ailleurs une caméra intégrant nativement cette technologie, preuve que la traçabilité devient une fonction de production à part entière.

Les acteurs suisses de l’EBU se distinguaient particulièrement avec EBU Neo, récompensé par le prix IBC du meilleur article technique. Cet agent intelligent multilingue, nourri de 3,5 millions d’articles, fournit en temps réel des sources fiables et vérifiées. Développé en partenariat avec l’ETH Zurich, l’EPFL et le Centre Suisse de Calcul Scientifique, il s’inscrit dans un écosystème de modèles linguistiques ouverts couvrant plus de 1 500 langues et intégrant des données variées, du texte au code.

L’EBU profitait aussi du salon pour présenter une large palette d’outils open source couvrant toute la chaîne média, de la diffusion graphique avec Ograf au stockage adressable avec TAMS, en passant par de nouveaux protocoles de transport. Une manière de confirmer son engagement pour un secteur plus transparent et collaboratif.

Enfin, le projet européen TEMS (Trusted European Media data Space) présentait ses premières démonstrations. Il vise à créer un écosystème sécurisé et résilient pour l’échange structuré de données entre organisations culturelles et créatives. Grâce à un catalogue central et à des agents locaux, TEMS facilite publication, découverte, contractualisation et valorisation. Sur l’IBC, les cas concrets mettaient en avant la gestion des identifiants ISAN pour les catalogues audiovisuels et la valorisation collaborative d’assets 3D dans les productions virtuelles.

Les Français en pointe dans la diffusion TV en peer-to-peer

La diffusion vidéo par peer-to-peer, assistée par l’IA, s’impose comme une réponse concrète à l’explosion des flux OTT. Dans un contexte où les diffuseurs et opérateurs télécoms cherchent à concilier qualité de service et maîtrise des coûts, deux sociétés françaises se distinguent.

La première, Wyplay basée à Marseille, innove avec WyCDN, une solution de streaming pair-à-pair déjà déployée chez Canal+. Elle permet de délester les serveurs lors des pics d’audience et de réduire progressivement le recours aux CDN (Content Delivery Network) traditionnels. Une intelligence artificielle embarquée orchestre en temps réel la répartition entre serveurs et pairs, avec une latence de seulement 50 millisecondes, garantissant fluidité et stabilité de diffusion tout en limitant l’investissement dans des infrastructures lourdes.

Concurrent direct, la société bordelaise Quanteec, labellisée Green Tech Innovation, présentait une technologie similaire. Lors du dernier tournoi de Roland-Garros, elle a assuré 75 % de la diffusion en direct en qualité optimale, tout en réduisant la consommation énergétique de plus de 50 % par rapport à des CDN classiques. Un exemple qui illustre bien comment le peer-to-peer peut conjuguer performance et sobriété énergétique.

3D Relief : le retour !

Avec l’essor des contenus pour casques de réalité virtuelle, le relief 3D refait surface. Plusieurs fournisseurs présentaient à l’IBC des solutions couvrant toute la chaîne de production immersive.

Blackmagic dévoilait un workflow complet pour l’Apple Vision Pro, comprenant une caméra double capteur haute résolution, l’URSA Cine Immersive, et un logiciel de montage et d’étalonnage intégrant le traitement audio spatial.

Du côté des caméras cinéma, Sony présentait un rig stéréo compact basé sur la solution Stereotec et équipé de deux Venice 2 (capteur 8K).

Quant au spécialiste français de la compression vidéo Ateme, il démontrait différents contenus encodés en relief pour Vision Pro, mettant en avant les performances du codec MV-HEVC (Multiview High Efficiency Video Coding). Celui-ci permet de compresser en un seul flux plusieurs angles d’une même scène, réduisant le débit par rapport aux encodages séparés traditionnellement utilisés. Un pas de plus vers des fichiers VR 3D plus légers et mieux adaptés au relief stéréoscopique.

Fast TV et Cloud Gaming : nouveaux usages des TV connectées

Netgem s’est distinguée à l’IBC avec deux avancées majeures sur les téléviseurs connectés. Son offre FAST Lane, dédiée aux chaînes gratuites financées par la publicité (FAST TV), a déjà séduit plus de 250 diffuseurs dans le monde, parmi lesquels Zee Entertainment et GFN Soccer. Cette réussite lui a valu un CSI Award.

Dans un autre registre, Netgem a également été récompensée pour Pleio Cloud Gaming, un service de jeux vidéo en streaming directement accessible sur un téléviseur via la SuperApp Netgem et une manette de type Playstation. Le jury a salué la qualité “console” des jeux proposés ainsi que la faible latence de l’expérience, deux critères essentiels pour démocratiser le cloud gaming.

D’autres acteurs français explorent ce terrain, à l’image de Wiztivi (Lumine Group), qui développe également des solutions de cloud gaming adaptées aux TV connectées.

Prises de vues : le plein d’options pour les cinéastes indépendants

Le marché des caméras s’ouvre de plus en plus aux indépendants, et l’IBC en a apporté de nouvelles preuves. RED, rachetée par Nikon en 2024, présentait la RED V-Raptor XE, version simplifiée et plus abordable de la V-Raptor X. Elle conserve l’essentiel de la qualité d’image haut de gamme, grâce à son capteur VistaVision en global shutter, mais fait l’impasse sur certaines fonctionnalités broadcast et cadences élevées.

De son côté, Nikon dévoilait le Nikon ZR, un hybride plein format en monture APS-C, léger et compact, premier modèle d’une nouvelle série “Cinéma” conçue en partenariat avec RED. Proposé à un prix accessible, il vise directement les cinéastes indépendants à la recherche de qualité cinéma dans un format réduit.

Enfin, Blackmagic s’adressait aux réalisateurs de live indépendants avec le Camera ProDock, un accessoire pour iPhone 17 Pro apportant la fonction genlock. Grâce à cette synchronisation, il devient possible d’enregistrer des images au timecode près avec un simple smartphone, ouvrant de nouvelles perspectives pour la production mobile et multi-caméras.

Présence française aux quatre coins du salon

Hasard du calendrier, l’INA présentait à l’IBC sa technologie de signature numérique, au moment même où elle venait de conclure un accord de co-développement avec l’ARPP (organisme régulateur de la publicité en France). Objectif : déployer la solution INA Signature pour l’identification automatique des publicités audiovisuelles sur les plateformes numériques.

Un enjeu de taille à l’heure où la publicité TV segmentée et programmée se diffuse via des serveurs spécialisés (adservers) et des systèmes d’enchères, sans que la traçabilité ou la conformité déontologique des créations ne soient toujours garanties. Dans ce cadre, l’identifiant unique historique PubID évolue vers un nouveau format baptisé IDcrea.

De son côté, la jeune pousse montpelliéraine LumiMakr mettait en avant une solution de conversion SDR (images vidéo standard) vers HDR, offrant des rendus plus lumineux, contrastés et colorés. Compatible avec les standards HLG (Hybrid Log-Gamma) et PQ (Perceptual Quantizer), l’outil intègre une réduction de bruit et une gestion des couleurs conforme à la norme BT.2100 pour la télévision HDR.

Il repose sur un traitement breveté des artefacts, complété par un tone mapping adaptatif inspiré de Photomatix, avec cinq préréglages et la possibilité d’empiler deux à quatre images. Proposée aussi en version plugin pour DaVinci Resolve 18/19, la solution est dès à présent disponible en essai sur le site de l’éditeur.

L’IBC acte la fracture avec les Etats-Unis sur la transition écologique

L’édition 2025 a marqué un tournant en matière de durabilité. À Amsterdam, Barbara Lange (fondatrice de Kibo121 et de la Media Tech Sustainability Series) a lancé le Media Climate Accord, destiné à fédérer l’industrie mondiale autour de la mesure, du reporting et de l’action climatique collective.

Le prix IBC 2025 Environnement & Durabilité a distingué deux acteurs sud-coréens, SK Broadband et Pixtree, pour leur solution d’upscaling UHD reposant sur des puces spécialisées pour l’IA (NPU). Déployée auprès de 6,7 millions d’abonnés IPTV, elle permet une réduction énergétique de 80 % et l’équivalent de 3 728 tonnes de CO₂ évitées chaque année.

Mais derrière ces avancées, une fracture géographique se confirme. Comme le souligne Abdul Hakim (DPP, association internationale pour les médias et la technologie), les broadcasters européens restent mobilisés sur la question climatique, tandis qu’aux États-Unis, la durabilité passe souvent au second plan face aux contraintes économiques.

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